Programme de postvention
La postvention est le terme utilisé pour désigner l’ensemble des interventions mises en place après un suicide pour en diminuer les répercussions. Dans le cas d’un suicide dans une école, les activités de postvention visent principalement à 1) agir sur les traumatismes vécus, 2) aider au développement de stratégies (informer sur les ressources, mettre en place un réseau d’entraide) et 3) prévenir d’autres suicides (dépister les jeunes à risque, évaluer les besoins)
Les programmes de postvention ont longtemps été appliqués par étapes et basés sur une intervention similaire pour tous. Or, la littérature scientifique démontre cependant que la postvention en milieu scolaire ne devrait pas se limiter à une séance de « debriefing » uniforme pour tous ou des interventions seulement en lien avec la période de stress observés dans les premiers jours. Les activités de postvention devraient plutôt être planifiées et comprendre un ensemble d’intervention s’étendant sur une longue période de temps avec du soutien flexible et diversifié et des interventions spécifiques pour les groupes ciblés (Callahan, 1996; Leenaars & Wensktern, 1999).
Une revue de programmes réalisée en 2004 (Bouchard, Séguin & Roy) a permis de dresser un portrait des programmes de postvention mis en place en milieu scolaire au Québec à la fois en termes de type d’activité que de durée d’intervention. Cette recension, basée sur un échantillon de 42 programmes, révèle que la très grande majorité des programmes (74%) prévoient des activités d’intervention sur une période d’une semaine et moins après l’événement. Seulement 12% des programmes prévoyaient des activités d’intervention au-delà d’un mois. Pour ce qui est du type d’activités mis en place, presque tous les programmes prévoient des activités de repérage des jeunes à risque suicidaire (100%) et des activités de ventilation (95%) et un peu plus de la moitié prévoient des activités de debriefing (64%) et d’intervention de crise (62%). Par contre, très peu de programmes comprennent des interventions à court ou à long terme en lien avec la gestion du deuil (26% et 12%).
En 2004, une quinzaine d’experts reconnus pour leur expertise, ont proposé un changement de paradigme en postvention en milieu scolaire en développant un programme axé sur une évaluation différenciée des besoins selon les personnes et la nature de leurs réactions et sur la mise en œuvre d’interventions différentes et spécifiées pour chacune de ces personnes (Séguin et al., 2005). Tous les élèves ne sont pas touchés de la même façon par le suicide d’un élève. Différents types d’intervention doivent donc être offertes simultanément et s’ajuster aux besoins.
Selon Séguin et al. (2004), il est donc essentiel de prévoir des interventions au-delà de la période de stress et de désorganisation qui suit l’événement et d’offrir le soutien de personnes ressources aux professionnels responsables des activités de postvention.
Le programme de postvention proposé par ces auteurs est devenu un document clé en termes de « bonnes pratiques » de postvention en milieu scolaire. Il s’articule autour de d’étapes clés à réaliser de manière continue pendant plusieurs mois suivant le suicide et propose des grilles qui facilitent le déploiement de chacune de ces étapes.
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